Biographie par chorus
Né en 1950, Melaine Favennec est bercé par les chants et airs traditionnels que collectait son père. " Mon père, raconte-t-il, est l'un de ceux qui ont puissamment contribué au renouveau de la musique traditionnelle bretonne ".
C'est à Quimperlé où il est né qu'il apprend la bombarde et la cornemuse dès son plus jeune âge. Il passe son adolescence en Alençon où, dès l'âge de douze ans, il commence à écrire et interpréter des chansons dans les MJC, en duo avec son ami François Didier. Il s'intéresse rapidement à la langue française, par la poésie que lui fait découvrir le père de François, notamment Gaston Bachelard.
En 1969, il co-fonde à Alençon le Théâtre du Temps Fort. Il participera à la création et à la présentation de quatre pièces, avant de quitter la troupe : " au fil des représentations, je me suis aperçu, dit-il, que j'avais toujours besoin de chanter et de raconter des trucs ".
C’est par le violon que Melaine Favennec opère un retour aux sources en rejoignant, après des études à l'Institut Français de la Photographie, un groupe désormais mythique, les Diaouled Ar Menez (les Diables de la Montagne), groupe à danser. De festoù-deiz (fête de jour) en festoù-noz (fête de nuit), il y joue du violon. Il ne fera partie de ce groupe à partir de 1973. Ne trouvant pas à s'exprimer, par le chant et la parole, comme il le souhaitait, il se sépare de la formation pour entamer une carrière en solitaire. Depuis le 25ème anniversaire du groupe, on peut le revoir dans les festoù-noz ou se produisent les Diaouled.
En 1976, L'année suivante, il sort Basse Danse chez Névénoé. De 1972 à 1979, il s'investit dans cette nouvelle coopérative bretonne, fondée par Gérard Delahaye et Patrick Ewen, qui prônent le " vivre et travailler au pays ". Névénoé pratique le système de l'achat par souscription et réinvestit systématiquement les fonds, pour la création de nouveaux albums. Annkrist et Kristen Noguès participeront aussi à cette aventure. Entre temps, avec son propre spectacle, il tourne et se produit parfois en première partie de Bernard Lavillier, Archie Shepp ou Léo Ferré...
En 1979, l’album Chansons Simples et Chants de Longue Haleine voit le jour, toujours chez Névénoé. Il considère cette époque comme très enrichissante. " Névénoé était un lieu de réflexion et de critique qui nous a permis d'avancer. On a arrêté, parce qu'à un moment donné, la notion de critique était plus forte que la notion de création ". L'année précédente, David Oppenheim (qui faisait la pochette de Bob Dylan : Blood on the Track) lui propose d'entrer chez CBS. Mais la major n'attire pas Melaine, qui lui préfère Névénoé.
Cependant, quatre ans plus tard, il signe chez RCA la sortie d'un nouvel album, Au Secret Déluge. Tout comme Stivell, Servat ou les Tri Yann, Melaine entre dans la grande distribution. Et, comme eux, il subit le retour de mode, le plat des années 80. Deux albums, présentés sur scène, ne voient même pas le jour. La même année, avec la tournée Le Sablier Horizontal, il rassemble autour de lui pas moins de soixante-dix musiciens d'horizons divers (bagad, chorale, formation de jazz...). C'est pour découvrir d'autres musiques qu'en 1981 qu’il devient directeur artistique du festival Jazz E Breizh avec Henri Texier, festival qu'il dirige, avec ce même contrebassiste, au château de La Roche-Jagu 22. De 1981 à 1983.
1985, nouvelle tournée, celle du " super-spectacle " Intime In Time, mis en scène par Hervé Lelardoux. Très remarqué sur la scène du Printemps de Bourges, il est alors considéré comme le précurseur d'une nouvelle tendance de la chanson et obtient le prix de la SACEM.
En 1986, après ce magnifique spectacle, Melaine revient à la formule concert avec “La Belle Inutile”. Cette tournée se poursuit jusqu'en 1989, où il présente, aux Tombées de la Nuit, sous la direction d'Yvan Cassar (avec qui il réalisera ses prochains albums) un nouveau spectacle, Trois = Plus, en compagnie d'un orchestre philharmonique.
Entre temps, il sort, en 1988, son nouvel album chez Hello Record, un label rennais, après six ans de calme discographique: Melaine - Masculin Singulier. La chanson l'Hélicoptère devient presque un 'tube'. " Très loin, vingt-cinq ans après la revendication identitaire et collective, il reconnaît, malgré son passage chez RCA, être dérangé par le sentiment de ne rien représenter dans l’hexagone".
En 1990, il participe aux Quarantièmes Rugissants, avec Henri Texier Jazztet et le Bagad de Kemperle. Spectacle grandiose, si l'on en croit les spectateurs : " Il y avait Henri Texier et ses musiciens sur une estrade, devant nous. Puis, venant des remparts de Quimper, les musiciens du Bagad sont arrivés, en se suivant. Ils ont descendu les marches qui mènent au jardin en interprétant une série de mélodies bretonnes. Quand ils sont montés sur l'estrade, le rythme a évolué vers le jazz. Et pour la première fois, j'ai entendu un Bagad jouer du jazz, celui d'Henri Texier... ". Il sort aussi La Chambre, nouvel album (avec Yvan Cassar) qui obtient le Prix Charles Cros et le Prix de la Création en Bretagne.
Enfin en 1993, c'est au tour de Présent d'Exil, chez Intime In Time, d'être salué par une critique enthousiaste. Le disque regroupe un quatuor à cordes issu de l'Opéra de Paris, un orchestre de chambre et une quinzaine d'instrumentistes divers. Les arrangements sont toujours signés Yvan Cassar.
En 1996, il participe au disque Au Bout du Vent et chante Ouessant avec Hervé Lesvénan au piano (Escalibur, diffusion Breizh). Et l'année suivante, il souhaite, le 29 novembre 1997, un joyeux vingt-cinquième anniversaire de scène à Yann-Fañch Kemener, en chantant pour la première fois en breton et, en faisant chanter pour la première fois YFK, en français !
Melaine Favennec signe au total onze albums et de nombreuses tournées à travers la France. Il participe à l'enregistrement de l'Anthologie de la Chanson Française, en interprétant trois titres, dont Le Roi Renaud (EPM). Il écrit aussi des paroles pour Gérard Delahaye, Dan Ar Braz, Henri Texier et TSF. Acteur de théâtre, auteur de musique pour le théâtre, il fait aussi son entrée dans le cinéma, avec Brisures d'Abers (JL Le Tacon), Un Voyage Immobile (Lejalé). Puis, il prête ses traits à la plume de François Bourgeon, dans la bande dessinée Les Yeux d'Etain de la Ville Glauque. Enfin, en artiste complet, il peint et dessine.
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